• Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

    Nous revoici avec une trèèèès longue interview du mangaka Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans. Elle est vraiment très intéressante si vous souhaitez en savoir un peu (beaucoup) plus sur l'auteur de la série à succès qui cartonne en ce moment, mais aussi si vous voulez mieux connaître l'univers de SnK ou même approfondir vos connaissances en mangas, films et jeux vidéos. Vraiment, j'ai découvert beaucoup de nouveaux termes japonais et genres de films, animes et mangas que je ne connaissait pas (je suis novice dans ce domaine, et ce genre d'infos sont toujours bonnes à prendre !), ainsi que d'autres auteurs et œuvres qui valent le détour.

    Aussi, j'ai mis des liens un peu partout dans l'interview sur des personnalités ou sur des termes qui peuvent nécessiter une explication. N'hésitez pas à cliquer dessus si vous n'êtes pas sûr de connaitre la signification d'un terme, cela rendra l'interview beaucoup plus compréhensible et agréable pour vous !

     

     Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

    L'interview est parue dans un numéro spécial l'Attaque des Titans du magazine   culturel Brutus en novembre 2014 (interview réalisée vers la sortie du tome 14,         et comme il y a du retard pour la sortie en France, c'est exactement là où nous en sommes en ce moment pour le manga papier, même si les scans sont quand à eux plus en avance). Hajime Isayama est interrogé par le psychologue et critique Saito Tamaki,   c'est pourquoi l’interview à parfois l'air d'une séance chez le psy ^^.

     

     

    Les quelques SPOIL pour ceux qui n'ont pas lu le manga seront signalés avant, mais il n'y en a pas beaucoup ne vous inquiétez pas.

     

    Comme l'interview est très longue et que toutes les questions ne vous intéresseront peut-être pas, voici la liste dans l'ordre des thèmes abordés, afin de mieux cibler ce que vous voulez :

     

    - Comment vivre le succès de l'Attaque des Titans

    - Vous aimeriez que le monde soit détruit ?

    - Inspiration pour l'univers et déroulement de l'histoire

    - Les difficultés rencontrées à l’adolescence

    - Ce qui vous a attiré dans cet univers de mangas et de jeux vidéos

    - Estime de soi et comment recevoir les éloges

    - Un style de dessin unique

    - La création des personnages

    - Mikasa, personnage moe

    - L'importance de l'adaptation anime pour le manga et le personnage d'Eren

    - Rivaille, le personnage le plus populaire

    - Yaoi, doujinshi et spin-off

    - Fan de monstres et de créatures géantes

    - Amateur d'arts martiaux et de sports de combat

    - Peut-on oublier les détails de sa propre œuvre ?

    - Après les films de zombies, les films de titans

    - Les jeux pornographiques ou jeux pour adultes

    - Lisez-vous les critiques sur votre œuvre ?

    - La complexité de l'intrigue dans les derniers chapitres [ pour ceux qui lisent le manga uniquement ]

     

     


     

     

    "Je dirais que la chance est la moitié de ce qui détermine le succès."

     

     

     

    - C'est un plaisir de faire votre connaissance. Je lis l'Attaque des Titans depuis la sortie du premier tome, mais c'est maintenant devenu un tel succès que l'on peut le trouver dans tous les magasins. Ressentez-vous une quelconque pression à savoir cela ?

     

    Hajime Isayama : Pas vraiment, j'imagine.

     

     

    - Cette réalité ne vous a pas encore frappée ?

     

    Isayama : J'ai l'impression que la réalité s'éloigne de plus en plus. Les gens me disent que mes rêves sont maintenant devenus réalité, mais depuis que j'ai gagné mon premier prix à dix-neuf ans, j'ai plutôt l'impression que la réalité se fait de plus en plus lointaine.

     

     

    - Ne rêviez-vous pas de rencontrer ce genre de succès quand vous débutiez tout juste en tant que mangaka ?

     

    Isayama : Je savais qu'il était extrêmement difficile de vivre des mangas, alors à cette époque mon rêve était simplement de pouvoir gagner assez d'argent pour pouvoir me payer à manger tous les jours et pour pouvoir vivre de mes mangas, même s'ils ne rencontraient jamais un grand succès – je pensais encore moins devenir millionnaire.

     

     

    - J'ai lu dans une autre interview qu'à l'origine vous ne pensiez pas que l'idée de l'Attaque des Titans pourrait devenir un manga populaire.

     

    Isayama : Je trouvais l'idée géniale personnellement, mais je me suis dit que la plupart des mangakas en herbe devaient ressentir la même chose, et que je n'étais qu'un jeune de plus à sous-estimer la difficulté de ce secteur.

     

     

    - Il est vrai, cependant, que ce n'est pas le genre de manga que l'on penserait pouvoir plaire à un public de masse.

     

    Isayama : Je n'aimais pas du tout le genre de mangas basés sur le marketing, qui cherchent à savoir quel genre de personnages ou quels éléments de l'intrigue seront populaires auprès des lecteurs. En fonctionnant ainsi, on ne crée jamais rien de nouveau. Alors ce désir de voir quelque chose de nouveau, je l'ai saisi et j'ai décidé d'essayer moi-même.

     

     

    - Je suis sûr que vous avez trouvé l'inspiration pour votre manga aussi bien dans les jeux vidéos que dans les films, pourtant l'Attaque des Titans dégage quelque chose de très frais, on ne ressent pas vraiment que l'inspiration ait été prise dans quelque chose de déjà existant. Depuis combien de temps en avez-vous eu l'idée ?

     

    Isayama : Comme un ami mangaka plus âgé me l'a dit, les magazines de mangas étaient pleins d'histoires apocalyptiques jusqu'à très récemment, et je pense vraiment que j'ai été influencé par ces mangas.

     

     

    - Je dirais que l'idée des murs, et cet univers que vous avez créé en général sont assez uniques, pourtant.

     

    Isayama : J'ai eu l'idée originale pour le one-shot appelé Shingeki no Kyojin (l'Attaque des Titans), qui m'a valu mon tout premier prix, puis je n'y ai plus repensé après ça jusqu'à mes 22 ans environ. Lorsque mon éditeur m'a demandé de me re-pencher sur ce one-shot pour en faire une série longue, j'ai alors mis six mois pour trouver tous les détails de ce monde. J'ai toujours l'impression qu'il n'est pas assez approfondi, comparé au niveau des univers sci-fi que mes amis artistes plus âgés créent – je veux dire, je ne lis jamais Mu (magazine japonais sur toutes les choses paranormales) ou rien de tout cela.

     

     

    - Y a-t-il une part de vous qui souhaiterait voir le monde détruit ?

     

    Isayma : Quoi, comme ''J'emmerde le monde, allez tous en enfer'' ? Oui, ça m'est arrivé d'y penser – par exemple, je me demande ce que ça ferait de vivre dans un monde où il n'y a plus personne, comme dans Je Suis une Légende. Ce ne doit pas être aussi simple de vivre sans eau ni électricité, cependant. (rire)

     

     

    -Donc vous êtes en train de dire que ça ne vous gênerait pas tant que les infrastructures continuent de marcher ?

     

    Isayama : Je pense que ça ne me poserait aucun problème tant que mon milieu de vie reste intact. Je pourrais facilement vivre la vie d'un ermite si l'on me coupait l'accès au monde extérieur.

     

     

     

    Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans 

     

    - Alors, j'ai lu que vous aviez commencé l'Attaque des Titans en ayant déjà décidé de la fin.

     

    Isayama : C'est que mon éditeur n'avait pas l'intention de commencer à publier la série si je n'avais pas la fin en tête.

     

     

    Terasawa Buichi dit qu'il y a deux types de mangakas : ceux qui ne peuvent pas produire un manga tant qu'ils n'ont pas déterminé toute l'histoire, comme Terasawa lui-même et Araki Hirohiko, et ceux qui créent simplement des personnages, et qui les laissent ensuite agir comme ils le veulent. Est-ce que de nos jours les éditeurs de mangas ont tendance à toujours garder une emprise sur le déroulement d'une histoire au fur et à mesure que celle-ci se développe ?

     

    Isayama : Je n'ai travaillé qu'avec mon éditeur actuel, Shintaro Kawakubo, donc je serais moi-même très intéressé de savoir comment cela fonctionne pour les autres artistes. En y repensant, pourtant, je ne crois pas avoir pensé au déroulement complet de l'histoire lorsque j'ai commencé.

     

     

    - Certaines personnes utilisent des idées qu'elles avaient trouvées avant de devenir mangaka. Avez-vous déjà utilisé des idées que vous aviez eu quand vous étiez encore à l'école ?

     

    Isayama : Je m'imaginais quel genre d'histoire j'inventerais si j'arrivais un jour à faire une série manga, mais je n'utilise aucunes de ces idées dans mon travail actuel, et les cahiers de dessin sur lesquels je griffonnais sont tous bien rangés à l'abri dans la maison de mes parents. (rire) Il est vrai, par contre, que j'ai toujours été attiré par des protagonistes qui deviennent plus fort grâce à une transformation, ce qui pourrait aussi être un désir personnel.

     

     

    - Vous êtes apparemment un fan de la série Kamen Rider. L'avez-vous beaucoup regardée ?

     

    Isayama : En fait je ne m'y connaît pas vraiment en tokusatsu ; je suis juste un peu attiré par l'idée. Je faisais un blocage sur mon corps étant plus jeune, alors je dessinais toujours des mangas où le héros se transformait, avant même que je ne sois publié.

     

     

    - Par ''blocage'', vous voulez dire que vous étiez très gêné par votre corps, vous vous sentiez mal à propos de vous-même et des choses que les gens disaient ?

     

    Isayama : Oui, j'imagine que c'est ça.

     

     

    - Ce genre de problèmes ont tendance à commencer à l'âge du collège, au point où il existe même un terme pour désigner cela, le ''syndrome de la deuxième année du secondaire'' (chunibyo). Pourquoi votre corps était-il un problème ?

     

    Isayama : J'avais l'impression d'être en retard par rapport aux autres, physiquement et mentalement.

     

     

    - Et des soucis par rapport aux filles ?

     

    Isayama : Ça a pu en faire partie aussi. J'ai grandi dans un milieu rural, alors j'ai fréquenté les mêmes personnes depuis toujours, et c'est devenu assez étrange pour moi quand j'ai vu tous les gens commencer à sortir ensemble tout d'un coup, au collège. Ça me semblait répugnant – nous avions grandi tous ensemble, presque comme des frères et sœurs.

     

     

    - Mais ce groupe de personnes ne s'est pas mélangé en rentrant au collège ?

     

    Isayama : Il n'y avait que deux écoles primaires regroupées dans un collège, donc pour chaque niveau il n'y avait que deux classes d'un peu plus de quarante élèves chacune, ce n'était pas une situation très plaisante. Ce n'était pas tellement le fait de sortir avec quelqu'un le problème, mais plutôt la pression des proches et la mentalité à cette période, je n'arrivais pas à m'y faire face.

     

     

    - Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux mangas et aux jeux vidéos ?

     

    Isayama : Au collège. J'avais déjà regardé des animes ou lu des mangas avant ça, comme tout le monde, mais je ne savais pas qu'il existait un tel monde d'otaku jusqu'à ce que je devienne ami avec un fan de Sega au collège.

     

     

    -Qu'est-ce qui, dans cet univers, vous a attiré ?

     

    Isayama : J'ai aimé la façon dont la réalité était mise de côté. J'ai aimé l'idée que notre monde pouvait très bien être produit par des électrodes collées à notre cerveaux. J'ai trouvé que ça serait génial si nous étions en fait des batteries pour des machines, comme dans Matrix.

     

     

    - Il y a une scène dans Matrix où ils disent que l’illusion d'un steak a quand même bon goût. Cela vous poserait-il un problème de ne jamais pouvoir manger un vrai steak ?

     

    Isayama : Je dirais que je suis plutôt le genre de personne qui s'identifie plus à l'illusion qu'au réel.

     

     

    - La réalité était-elle douloureuse pour vous au collège ?

     

    Isayama : Oui, je détestais me sentir aussi pathétique. On peut le voir dans mon manga aussi – s'il y a un type de personnage qui défini mon travail, je pense que ce serait une sorte ''d'éternel adolescent''.

     

     

    - Ça m'étonne que vous vous trouviez pathétique, après vous être emparé de cette angoisse d'adolescent et l'avoir transformée en énorme succès.

     

    Isayama : Les mangas que j'aime ont des personnages matures, cool et sympathiques. J'aimerais faire un manga comme ça moi aussi, mais je me rends de plus en plus compte que ce n'est tout simplement pas le manga que je crée.

     

     

    - Parce que vos personnages n'ont pas une vie couronnée de succès et saine ?

     

    Isayama : Eh bien, en fait je n'ai pas beaucoup d'expérience moi-même. C'est triste de savoir que je ne pourrai pas devenir comme les artistes plus âgés que je respecte.

     

     

    - Je ne pense pas que vous devriez nécessairement devenir comme les gens que vous respectez, de toute façon. Qu'ont-ils qui vous semble si inaccessible ?

     

    Isayama : Le contenu de leur manga. L'Attaque des Titans est bien accueilli, mais il existe tant d'autres œuvres incroyables, et j'aimerais qu'elles reçoivent plus d'attention et d'éloges.

     

     

    - Vous ne pensez pas que vous méritez les éloges que vous recevez, alors.

     

    Isayama : Non, et je m'en sens coupable.

     

     

    - Mais l'industrie du manga est comme un jeu, n'est-ce pas ?

     

    Isayama : Nous partons peut-être tous du même point, mais tout le mode ne reçoit pas forcément l'accueil qu'il mérite. Je dirais que la chance est la moitié de ce qui détermine le succès.

     

     

    - C'est plutôt étrange que vous ayez toujours cette impression.

     

    Isayama : Et je penserai peut-être toujours cela.

     

     

    - Le design des titans est laid – ou peut-être que terrifiant serait le mot plus approprié – d'une manière que je n'ai jamais vu auparavant. Où avez-vous eu cette idée ? J'ai lu dans une interview que vous étiez influencé par Jigoku Sensei Nube 

     

    Isayama : Ce n'est peut-être qu'une habitude. Quand j'étais gamin, j'ai commencé à dessiner des choses laides, et arrivé au collège je ne dessinais plus que ça. Tout comme chacun a son propre style d'écriture, je pense que mon art est idiosyncrasique pour moi, à sa manière ; ça a un peu dérouté les gens, et ils ont accroché.

     

     

    - Cette laideur ne s'atténue pas au fur et à mesure que vous vous améliorez en dessin ?

     

    Isayama : En fait, je trouvais que mes dessins étaient assez jolis quand j'ai commencé, mais maintenant je me sens de plus en plus mal car je me rends compte combien mon art est maladroit et bizarre.

     

     

    - Quand vous dîtes ça, vous voulez parler l'aspect de votre art en termes de composition, n'est-ce pas ? Il y a beaucoup d'artistes – comme Morohoshi Daijiro et Iwaaki Hitoshi – avec des styles idiosyncrasiques très convaincants, bien qu'ils ne soient pas précis en termes de composition.

     

    Isayama : J'ai été surpris de voir que certains des lecteurs de Iwaaki Hitoshi trouvent qu'il dessine bien.

     

     

    - Je n'aurais jamais pensé le contraire jusqu'à ce que j'entende d'autres personnes en parler. Il est vrai qu'il lésine beaucoup sur les détails et qu'il a tendance à dessiner ses personnage portant toujours les mêmes vêtements, mais je trouve que c'est ce qui lui réussit.

     

    Isayama : C'est ce que je ressentais quand j'ai commencé – j'avais peur d'avoir un art trop ordinaire et de me perdre dans une immensité d'autres artistes ordinaires . Mieux vaut avoir un art dont on se souvienne, même s'il est mauvais, et se démarquer.

     

     

    - Vous êtes bien loin d'être ordinaire ; ce que vous avez là est vraiment unique. Je remarque pourtant que vous êtes encore très critique envers vous-même, malgré les éloges innombrables que vous recevez.

     

    Isayama : Je dois être ainsi, sinon je perdrais tout contrôle. C'est également parce que je sais que personne n'aime les gens à l’ego démesuré, alors l'autodérision est en quelque sorte une attitude, aussi, je pense.

     

     

    Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

    « ORZ », le one-shot qui a valu à Isayama de remporter le Prix Weekly Shonen Magazine Newcomer, et qui est ensuite devenu son premier manga à être publié dans un magazine grand public.

    Le texte sur la gauche le décrit comme ayant reçut le « prix du pire art de l'histoire ».

     

    -Vous êtes-vous basé sur vous-même pour certaines caractéristiques des personnages, comme pour Eren ou Rivaille ?

     

    Isayama : Je n'ai pas le sentiment qu'ils soient moi, vraiment. J'ai déjà entendu certains artistes que je connais affirmer mettre une partie d'eux-même dans leur travail, mais je n'ai pas l'impression que ce soit mon cas.

     

     

    - Est-ce que vous commencez d'abord par créer le monde, que vous peuplez ensuite avec des personnages ?

     

    Isayama : Oui, je commence par l'univers, et je créer ensuite les personnages basés sur le genre d'acteurs dont le milieu a besoin.

     

     

    - Est-ce qu'Eren est le premier personnage que vous ayez créé ?

     

    Isayama : C'était Mikasa, en fait.

     

     

    - Mikasa est ce que certains pourraient appeler un personnage guerrier féminin – ou même une tentative calculée de créer un personnage moe, peut-être.

     

    Isayama : C'était mon plan depuis le départ de faire d'elle la fille que l'on verrait sur les affiches, posters, et autres produits commerciaux.

     

     

    - Son nom vient apparemment du navire cuirassé.

     

    Isayama : J'ai une théorie selon laquelle les personnages portant des noms de navires de guerre deviennent populaires, comme Katsuragi Misato et Akagi Ritsuko dans Neon Genesis Evangelion et Nagato Yuki dans La mélancolie de Haruhi Suzumiya. D'où le nom de Mikasa.

     

     

    - En parlant de navires de guerre, est-ce que vous jouez à Kantai Collection ?

     

    Isayama : Je n'y joue pas, mais j'ai le pressentiment que j'accrocherais vraiment si jamais j'essayais.

     

     

    - Evangelion est devenu un énorme succès en raison de la grande implication du réalisateur dans la série. Étiez-vous un fan ?

     

    Isayama : Oui. La façon qu'ils avaient de dessiner les robots géants était vraiment cool, d'une manière différente de tout ce qu'on avait pu voir avant. La manière dont Hideaki Anno a supervisé l'animation des choses telles que les faisceaux lasers et autres – la série est un vrai régale. Je n'ai jamais pu accrocher au manque d'assurance du personnage principal, par contre.

     

     

    - Les gens sont divisés de ce côté-là : Il y en a qui parviennent à s’identifier à Shinji et à se plonger dans la série, et il y a ceux qui sont rebutés par lui. Eren est quand à lui un protagoniste qui se développe, et il apporte une bouffée d'air frais en ce sens. Est-ce que créer ce personnage était une réaction envers les histoires sekai-kei ( histoires dans lesquelles les problèmes relationnels en rapport avec le protagoniste ont un impact directe sur le sort du monde) ?

     

    Isayama : Difficile à dire. Pour ce qui est de faire de lui un personnage fort ou faible, j'avais initialement prévu qu'il soit faible, mais je n’avais aucune idée de ce qu'il serait réellement au fond de lui. C'est un personnage que j'ai créé parce que l’histoire avait besoin de quelqu'un comme lui.

     

     

    - Un moyen par lequel expliquer l'univers que vous aviez créé.

     

    Isayama : On pourrait dire ça. Eren est un personnage que j'ai commencer à comprendre au fur et à mesure que j'avançais. Quand le manga a été adapté en anime et que j'ai pu entendre la voix d'Eren, ça m'a aidé à l'étoffer. Je veux dire, des Titans apparaissent tout d'un coup, et il n'est pas seulement effrayé, mais il décide d'aller les tuer ? Ce n'est tout simplement pas réaliste. Mais alors qu'il affirme toutes ces choses, on peux percevoir sa faiblesse dans la voix de son doubleur, ce qui donne l'impression qu'il bluffe. J'ai depuis commencé à aimer Eren de plus en plus.

     

     

    - Intéressant – donc le personnage s'est précisé pour vous lorsque vous avez vu l'adaptation en anime ?

     

    Isayama : Exactement. Araki Tetsuro, le réalisateur, et Kaji Yuki, le doubleur de voix d'Eren, ont eu une bonne approche de lui. L'impact de l'anime sur le manga est loin d'être insignifiant.

     

     

    - Le personnage le plus populaire est le Capitaine Rivaille. Est-ce que vous vous attendiez à cela ?

     

    Isayama : Rivaille est un personnage que j'ai créé par accident alors que je griffonnais, et j'ai tout de suite su que je tenais quelque chose. J'ai par la suite regardé Watchmen, et le personnage de Rorschach m'a vraiment marqué. J'ai décidé que je voulais essayer de faire un personnage similaire, alors je l'ai combiné à l'esquisse que j'avais faite.

     

     

    - Il semble être particulièrement populaire parmi les fans de yaoi. Ce n'est pourtant pas ce que vous visiez à l’origine, si ?

     

    Isayama : Vous savez, ces fans ne vont sûrement pas être déçues d'entendre ça, mais j'ai peut-être moi aussi un peu de fangirl yaoi en moi, parce qu'en le créant, quelque chose m'est passé par la tête et je me suis dit, ''Les fans de yaoi vont l'adorer celui-là''. Je visais quelque chose de similaire à Hiei dans Yu Yu Hakusho, et dés que j'ai eu terminé sa conception, je savais que je tenais quelque chose.

     

     

    - J'ai entendu une théorie selon laquelle les fans de yaoi auraient tendance à être attirées par les mangas avec des univers moins complexes et des personnages plus développés, ce qui a du rendre l'Attaque des Titans difficiles pour elles. On y retrouve les personnages, mais l'univers est si complexe.

     

    Isayama : Je suppose que dans l'idée, il est préférable de laisser certains trous dans le manga pour que le lecteur puisse les remplir par lui-même, non ? Dans l'Attaque des Titans c'est le cas avec la qualité médiocre des dessins. Le développement des personnages et de l'univers sont déjà là, mais il y a la place pour que le lecteur participe de manière positive en dessinant mieux.

     

     

    - Vous pensez ? Je ne suis pas vraiment sûr d'être d'accord avec ça. (rires) Il est vrai par contre que c'est un manga qui donnerait envie de créer des spin-off (séries dérivées), oui. Auriez-vous envie de travailler sur l'un de ces spin-off vous-même ?

     

    Isayama : Je ne comprends pas vraiment l'intérêt derrière tous ces doujinshis, et je n'ai jamais rien eu à voir avec toute cette culture même avant d'être publié. Il y a déjà eu un jeu vidéo de tir où je trouvais que le design des personnages était bon mais que les visuels n'étaient pas à la hauteur, par contre, alors peut-être que moi aussi j'ai un peu cette envie en moi.

     

     

    - Donc vous comprenez les désires du public de combler les lacunes d'une œuvre de fiction.

     

    Isayama : Je dirais que oui. L'art de Kantai Collection est très bon, mais c'est un jeu vidéo, alors je ne vois pas ça comme une œuvre visuelle, et parfois il m'arrive de penser que quelqu'un pourrait s'associer à CGI et vraiment apporter quelque chose. Je suppose que laisser des tels vides permet d'attirer des fans qui s'impliquent plus.

     

     

    - Il y a beaucoup de mangakas qui font leurs débuts avec les doujinshis, qui représentent un très gros marché de nos jours, alors c'est un peu surprenant d'entendre que vous n'y étiez pas du tout intéressé. Est-ce parce que vous aviez déjà créé votre propre univers ?

     

    Isayama : J'ai toujours voulu créer ma propre œuvre originale, oui.

     

     

    - Il est vrai qu'à part les résumés peu détaillés à l'arrière de chaque volume, il n'y a rien de très 'méta' dans l'Attaque des titans, et vous ne produisez aucun spin-off non plus.

     

    Isayama : Parce que ça repousserait les gens. Je n'aime pas quand les personnages agissent comme s'ils savaient qu'ils étaient dans un manga. Peut-être que les lecteurs apprécieraient ça, mais personnellement je ne veux pas faire ce genre de choses.

     

     

     

    Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

     

    Certaines sources d'inspiration d'Isayama : Knights of Sydonia de Nihei et son adaptation en anime, le manga ARMS de Minagawa Ryoji, et d'autres magazines et mangas de MMA (Mixed Martial Arts).

     

     

     

    - Êtes-vous attiré (moe) par certains personnages ? Ou êtes-vous plutôt du genre à vous plonger complètement dans l’œuvre de fiction ? On pourrait dire que Mikasa occupe une position similaire à celle de Ayanami Rei .

     

    Isayama : Si tant est que cela soit possible, je me sens plus attiré par des kaiju (montres) comme Mothra et Godzilla, ou les guerriers géants dans Nausicaa. Je suis obsédé par les monstres laids depuis que je suis tout petit – pas seulement les kaiju, mais les choses géantes en général. Vous savez, Tokyo Skytree (la Tour de Tokyo) et ce genre de choses.

     

     

    - Tokyo Skytree, hein ? (rire) Certaines personnes ont un fétiche pour les femmes géantes. Qu'en est-il pour vous ?

     

    Isayama : Je ne savais même pas qu'il existait ce genre de fétichisme à l'époque. Quand l'Attaque des Titans a commencé, il y avait un groupe de gens intéressés par ce genre de choses qui était apparemment intrigué par le manga, mais ils se sont vite rendu compte que je n'étais pas l'un des leurs et se sont désintéressés de moi.

     

     

    - (rire) Eh bien, ce qui intéresse les fétichistes de choses géantes sont des corps normaux de femmes, mais géants, après tout. Alors, est-ce que c'est le fait de devoir lever les yeux pour voir ces créatures géantes qui vous attire ? Par exemple, disons comme dans la scène où on voit le Titan Colossal au dessus de nous, au début de l’histoire.

     

    Isayama : J'aimerais qu'un événement pareil arrive dans la vraie vie. Voir un géant apparaître tout à coup entre les immeubles serait très divertissant.

     

     

    - Donc vous n'aimez pas seulement ce genre de choses, vous aimeriez qu'elles se produisent en vrai. (rire)

     

    [ petit SPOIL pour ceux qui n'ont pas lu le manga ]

     

    Un des designs qui m'a vraiment impressionné était le Titan Bestial (ou Titan Singe). Comment avez-vous trouvé cette idée ?

     

    Isayama : J'aime imaginer des monstres depuis tout petit, et ça m'a par la suite conduit à m'intéresser aux sports de combat. Il y a un artiste de MMA (Mixed Martial Arts) que j'apprécie qui s'appelle Alistair Overeem, qui a un petit visage et les muscles trapèzes très développés, ce qui lui donne un physique vraiment intimidant ; c'est de lui que me vient ce design. Et puis, les singes sont effrayants de manière générale. (rire) Ce qui est effrayant chez eux aussi, c'est le fait qu'ils ressemblent justement aux humains, je pense.

     

    [ fin du SPOIL ]

     

     

    - Avez-vous vu la dernière adaptation hollywoodienne de Godzilla ?

     

    Isayama : C'était formidable. Les scènes comme celle où la caméra part d'en bas et remonte quand Godzilla rugit – on voit que c'est fait par quelqu'un qui sait ce qu'il fait, quelqu'un qui comprend vraiment les films kaiju. La scène du rugissement, par exemple : elle dure beaucoup plus longtemps que ce à quoi je m'attendais, et ça l'a rendu bien plus efficace. J'ai appris toutes sortes de choses du film, je trouve, en termes de mise en scène et autre. Gareth Edwards est comme Guillermo del Toro, le réalisateur de Pacific Rim, dans le sens où les effets visuels passent en premier. Il fait partie de mon top trois des films de cette année.

     

     

    - Que pensez-vous de la série Gamera Heisei de Kaneko Shusuke ?

     

    Isayama : Je l'ai vue. En fait, l'inspiration pour mes géants mangeurs d'hommes me vient de Gyaos dans Gamera : Guardien de l'Univers. La façon dont ils l'ont représenté en train de manger des humains était géniale – même en ayant vu tous les films précédents de Godzilla, celui-ci nous fait nous demander s'il est sage de le montrer à des enfants.

     

     

    - Alors, vous êtes passé du moe au tokusatsu.

     

    Isayama : Très juste. Vous savez que les personnages moe ont tendance à avoir de grands yeux, n'est-ce pas ? Quand je vois ces yeux, je ne peux pas m'empêcher de me demander quelle forme peuvent bien avoir leurs crânes. J'aime quand les yeux sont petits. (rire)

     

     

    - L'Attaque des Titans est un manga qui met les capacités physiques en avant, ce qui est rare de nos jours. Il y a eu une sorte de boom de personnages machos dans les mangas shonen vers les années 1980, comme avec Ken le Survivant et Jojo's Bizarre Aventure pendant un temps, mais j'ai l'impression que cette tendance a disparu à présent.

     

    Isayama : Oui, les gars dans Jojo étaient tous vraiment costauds jusqu'à la partie 3. En tant que fan des sports de combat, les limites du corps sont précisément ce qui rend le tout intéressant.

     

     

    - On peut voir dans les tout premiers volumes de l'Attaque des Titans à quel point le corps est imprévisible et ne fait pas toujours ce qu'on lui demande.

     

    Isayama : Je pense que j'avais effectivement cette idée en tête. Par exemple, je rêve beaucoup que je suis pourchassé par des monstres énormes et que je dois fuir, mais je trébuche tout seul et je n'arrive pas à avancer. C'est dans cette idée, je pense.

     

     

    - Et alors dès le début, il y a ce Titan Colossal, avec tous ces muscles.

     

    Isayama : J'ai effectivement une source d'inspiration très claire pour le Titan Colossal. J'ai utilisé l'application « Dessine en 30 Secondes » faite pour s’entraîner à dessiner le corps humain. À l’origine j'avais fait cet énorme titan avec un corps semblable à de la pierre, et avec des dents qui le recouvraient, et je voulais l'utiliser comme personnage emblématique du manga, mais j'ai ensuite pensé que des muscles seraient beaucoup plus cool à la place, ce qui a donné le résultat que nous connaissons maintenant.

     

     

    - Est-ce que vous-même vous faîtes de l'exercice ?

     

    Isayama : Parfois, j'ai une soudaine envie de courir, alors je vais faire un sprint. J'ai aussi un sac de sable dans une autre pièce, dans lequel j'aime bien taper ; c'est un des exercices que je peux faire sans jamais m'en lasser. J'ai également une barre de traction.

     

     

    - Vous cherchez à devenir plus robuste, c'est ça ?

     

    Isayama : Non, c'est simplement que je ne me sens pas bien si je n'ai pas un peu de courbatures… je n'aime pas ne pas avoir de douleur musculaire par exemple, parce que ça me donne l'impression que je m'atrophie ou quelque chose comme ça.

     

     

    - Et vous ne dessinez pas votre manga au digital, non plus.

     

    Isayama : Exact, je le fais à la main. C'est difficile de passer au numérique en plein milieu d'une série. J'ai l'impression que je n'arriverais pas à bien dessiner si je devais le faire numériquement – la façon analogique me convient mieux sûrement.

     

     

    - Il est vrai qu'il est probablement plus facile d'obtenir la touche parfaite pour l'Attaque des Titans en dessinant à la main.

     

    Isayama : La version papier que les gens lisent est plate, mais la version originale que je dessine est en fait en trois dimensions, suivant comment j’appuie sur le crayon et que j'enfonce ma mine. J'aime forcer sur le papier quand je dessine.

     

     

     

    Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

     

    - Est-ce qu'il vous arrive de faire des fiches d'information sur les personnages pour ne pas vous perdre ?

     

    Isayama : Je sais que je devrais m'y mettre, mais je ne le fais jamais.

     

     

    - Cependant, comme vous continuez d'ajouter de nouveaux personnages, il ne vous arrive jamais de vous tromper ou de les mélanger ?

     

    Isayama : J'ai effectivement tendance à oublier beaucoup de choses, alors je reviens juste en arrière pour relire le manga.

     

     

    - C'est justement ce que je voulais vous demander – s'il vous arrivait d'oublier les détails de ce monde que vous avez créé en vous concentrant sur les dessins.

     

    Isayama : Oui, parfois certaines personnes s'y connaissent mieux que le créateur. Pour ma part, il y a encore beaucoup d'informations que je n'ai pas mises dans le manga, y compris des idées auxquelles j'avais pensé mais que j'ai finalement décidé de ne pas utiliser, alors ça porte à confusion.

     

     

    - Je vois – vous traitez beaucoup plus d'informations que ce que vous mettez sur papier. Vous arrive-t-il d'avoir envie de lire l'Attaque des Titans simplement en tant que lecteur ordinaire ?

     

    Isayama : Oui – je voudrais que les gens s'emparent de cet univers et inventent des histoires à leur manière. C'est quelque chose que je ne pourrais pas faire moi-même. Tout comme les films de zombies forment un genre, j'aimerais que les géants mangeurs d'hommes puissent en être un aussi.

     

     

    - Au moment où vous avez été publié pour la première fois, il y avait beaucoup d’œuvres basées sur les zombies, et je me demande parfois si votre manga n'est pas une sorte de variation de ce genre. Est-ce que vous aimez les films de zombies ?

     

    Isayama : J'aime bien, mais je ne suis pas expert en la matière. La première chose de ce genre que j'ai regardé était Resident Evil, et bien que les gens me disent qu'il est inexcusable de ne pas avoir vu les films de Geroge A. Romero, je ne m'y suis toujours pas penché.

     

     

    - Mettons les classiques de côté, que pensez-vous des films de zombies récents ?

     

    Isayama : Je n'ai pas vu World War Z. En fait je préfère les fantômes plutôt que les zombies – Paranormal Activity, ce genre de choses. Les trucs qui vous donnent la chaire de poule, plutôt que ceux qui vous font sursauter dans votre siège. Ça n'a pas forcément besoin d’être effrayant – je dirais que je préfère le bizarre, l'étrange.

     

     

    - Le bizarre et l'étrange : exactement ce que l'on retrouve dans l'Attaque des Titans. De puissants ennemis font leur apparition dans une période de conflits constants, et pourtant l'humanité n'arrive pas à se souder pour les combattre. Ce côté sombre de la nature humaine, le côté qui donne la priorité aux intérêts personnels et qui empêche les gens de s'unir, ça me semble être un reflet du monde réel. Était-ce intentionnel ?

     

    Isayama : Je regarde simplement les informations, et j'écoute les remarques du critique de film Tomohiro Machiyama (scénariste du film live de SnK) , mais oui, c'est l'idée. Ma première inspiration était le jeu pour adulte Muv-Luv Alternative, dans lequel des extraterrestres envahissent la Terre et l'humanité se retrouve au bord de l'anéantissement, pourtant les gens continuent de s'entre-déchirer. C'était vendu avec un gros livret de commentaires. Dans ce jeu, le Japon était ressorti victorieux de la Seconde Guerre Mondiale et avait conservé son système impérial, et le continent Eurasien était déjà occupé par les extraterrestres, faisant du Japon le front de la guerre de résistance.

     

     

    - Mais il s'agit d'un jeu pornographique.

     

    Isayama : Eh bien, il y a bien du contenu pornographique dedans, mais je suis sûr que cette partie n'intéresse personne. Les fétiches sont un peu trop étranges – des filles se font disséquer par des aliens, ce genre de chose. (rire) Il y a par contre des personnages moe, et je pense que c'est inspiré de Puella Magi Madoka Magica pour les parties très hardcore et gores, où les humains se font manger et tout. En l'interdisant aux moins de dix-huit ans, cela leur permet d'avoir moins de restrictions et ils peuvent ainsi créer quelque chose au contenu assez profond.

     

     

    - Tout comme le réalisateur Kurosama Kiyoshi, qui a fait ses début avec la série « Roman Porno » de la Nikkatsu.

     

    Isayama : Je pense que les jeux pour adultes sont un bon terrain pour faire évoluer les artistes.

     

     

    - L'Attaque des Titans est aussi très populaire à l'étranger. Pourquoi pensez-vous que ce soit le cas ?

     

    Isayama : Oui, j'ai même pu participer à des événements organisés à Singapour et à Taïwan. Je pense que cette popularité vient de l'idée accrocheuse de l'histoire.

     

     

    - Alors, en voyant les réactions des lecteurs à l’extérieur du Japon, vous avez vraiment eu le sentiment que le manga était suivit là-bas aussi.

     

    Isayama : Les histoires qu'on peut résumer en deux lignes ont un avantage sur celles plus complexes, qui nécessitent une lecture attentive. Ce sont des séries qui peuvent vite percer et rencontrer le succès.

     

     

    - Vous pouvez résumer l'Attaque des Titans en deux lignes ?

     

    Isayama : C'est l'histoire de l'humanité qui se retrouve au bord de l’extinction suite à l'arrivée de géants mangeurs d'hommes.

     

     

    - D'accord, je vois. Donc, revenons-en au Japon maintenant : Êtes-vous le genre de personne qui lis les commentaires écrits sur votre travail, sur Internet ou autre ?

     

    Isayama : Oui, parce que je commence à m'inquiéter quand je n'entends que de bons commentaires. Si je devais écouter uniquement ce que disent les gens qui ont aimé le manga, alors tout ça ne serait pas très subjectif. J'essaie de tout écouter, y compris les commentaires durs, et je m'en sers pour améliorer le manga. Les gens écrivent ce qu'ils pensent sur Internet sans penser que l'auteur les lira un jour, alors je me plais à penser que ces commentaires sont particulièrement honnêtes.

     

     

    - Est-ce qu'il vous arrive d'être en colère contre la critique ?

     

    Isayama : Ça m'arrive. (rire) C'est quelque chose qui m'affecte beaucoup, et je crois que je m'en soucie trop, parfois.

     

     

    [ SPOIL à partir de là et jusqu'à la fin de l'interview pour ceux qui n'ont pas lu le manga ]

     

     

    - Bon… l'intrigue est devenue assez compliquée ces derniers temps.

     

    Isayama : J'en suis rendu au moment de l’histoire où j'ai le moins d'assurance. C'est un passage que je ne pouvais tout simplement pas omettre, mais j'ai le sentiment que ce n'est pas très divertissant. Jusqu'à présent j'ai toujours été sûr de pouvoir offrir un manga divertissant sans avoir besoin de donner trop de détails sur le reste du monde, mais le fait de dessiner cet arc, où les humains s'affrontent entre eux sans qu'il n'y ait plus aucun de titan qui entre en jeu, me fait réaliser à quel points mes capacités sont très limités.

     

     

    - C'est surprenant de l'entendre. Même en supposant que vous écriviez les dialogues et tout ce qui s'en suit chapitre par chapitre, vous avez déjà en tête l'intrigue générale, alors je n'aurais pas cru que ça serait plus difficile que de trouver une direction pour l'histoire chapitre par chapitre.

     

    Isayama : J'ai l'idée générale, mais les détails sont encore très vagues, alors c'est presque comme si je devais tout imaginer.

     

     

    - Est-ce que ce sont les différents changements politiques qui rendent ça difficile ?

     

    Isayama : Le problème est l’absence de repères chronologiques sur lesquels s'appuyer lorsque l'on crée un contexte historique tout entier.

     

     

    - Est-ce que vous vous souciez de beaucoup de choses lorsque vous créez le manga ?

     

    Isayama : Eh bien, chaque arc fait généralement quatre tomes, et ils sont tous déjà à peu près planifiés, mais chaque fois que je commence un nouvel arc je suis très nerveux et je me demande si je serai en mesure de le terminer. J'y arrive toujours à la fin, mais cette fois j'ai vraiment peur de ne pas y arriver.

     

     

    - Eh bien, j'ai vraiment aimé lire les derniers chapitres, et j'ai hâte de voir ce qui suit. Merci de m'avoir accorder un peu de votre temps aujourd'hui. ♦

     

     

    Interview : Hajime Isayama, créateur de l'Attaque des Titans

     


     

     

    Pfiou, le temps qu'il m'aura fallut pour traduire tout ça ! J'espère sincèrement que ça vous aura plu en tout cas, et merci à ceux qui auront eu le courage de lire jusque là ^^.

     

    - Nebula

     


  • Commentaires

    1
    Un passant ;)
    Samedi 11 Juin 2016 à 12:12

    Merci beaucoup pour cette traduction !

    Isayama Hajime est vraiment attachant ! :3

      • Dimanche 12 Juin 2016 à 12:02

        Oh franchement un super merci à toi d'avoir commenté ! Depuis presque un an que l'interview est posté et je n'avais eu aucun retour... pourtant je trouve Isayama très intéressant, et c'est toujours bien d'en apprendre plus sur les origines et les inspirations d'une œuvre :)

        Contente que tu sois passé(e) par là ;)

    2
    Driss
    Lundi 24 Octobre 2016 à 20:06

    Bravo et merci pour cette traduction , on y apprend beaucoup de choses  ! 

    3
    katia
    Dimanche 16 Avril 2017 à 20:22
    Mercii d'avoir traduit cette interview ! Je trouve Isayama different des autres mangaka de mangas populaires, où il est pret à gacher son histoire juste pour contenter les autres, ou de le remplir de fanservice, il n'en a juste pas besoin car c'est du vrai travail de qualité. en tous cas, j'attends beaucoup de la suite de SNK.
    4
    Laeticia
    Lundi 19 Juin 2017 à 20:12

    Juste merci pour la traduction de cette interview !

    J'admire sa façon de penser et concevoir les choses. smile

    5
    belysis
    Vendredi 23 Juin 2017 à 19:24

    Vraiment incroyable comme type ! J'aime vraiment sa façon de penser, et j'ai hâte de voir tout ce qui nous réserve encore ! Je suis de tout coeur avec lui.

     

    Et merci pour cette merveilleuse traduction ♥

    6
    Roxar
    Jeudi 17 Août 2017 à 03:36
    Merci pour cette superbe interview très complète :) Je cherchais les métaphores et messages qui se cachent derrière le manga, mais visiblement c'est sujet à interprétation ^^
    7
    grogneux
    Dimanche 19 Août 2018 à 21:51

    Merci pour la traduction, c'était super intéressant !

    8
    Nao
    Samedi 17 Novembre 2018 à 10:36
    C'était une interview très intéressante merci beaucoup de l'avoir traduite !
    9
    Manga>anime (mdr)
    Vendredi 1er Mai 2020 à 01:23
    C'était vraiment très intéressant surtout sur les inspiration Hajime Isayama
    10
    Hansi pour la vie
    Vendredi 1er Mai 2020 à 23:07
    C'est vraiment un travail de pro bravo et merci beaucoup !! Je te souhaite tooout le bonheure du monfe bisouuu
    11
    Yumeko
    Lundi 3 Mai 2021 à 11:59
    Merci pour cette traduction , sa ma permis d'en savoir plus et je ne trouvais pas jusqu'a la des interviews traduite
    12
    Livaï
    Mardi 22 Juin 2021 à 22:09

    Merci beaucoup !


    Isayama est définitivement un génie !



    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :